Il y a bien longtemps quand Blois ressemblait à ça :
L'idée d'instaurer des haras sur le sol français est ancienne: Richelieu voulait déjà développer l'élevage des chevaux, afin disait-il d'empêcher les sorties d'or du royaume "destinées à l'achat des bêtes à l'étranger. C'est finalement Colbert qui contresigne, en 1665 un avis du conseil d'état marquant la volonté étatique de contrôler et d'organiser la production chevaline. C'est à Merlerault en 1714 dans l'orne que le haras du Pin voit le jour. Dés 1730, les premiers étalons arabes sont accueillis et une jumenterie destinée à la remonte des écuries de Versailles. A l'aube de la révolution, louis XVI pavoise: le royaume est pourvu de 14 haras rassemblant environ 1400 étalons. Mais les députés de la Constituante , soucieux d'abolir les privilèges bradent les étalons et ferment les Haras. Très vite faute de chevaux, le Pays est privé de ses corps de cavalerie et ne peut résister aux armées européennes. la convention revient sur cette décision et rouvre 7 établissements. Par le décret de Saint-Cloud signé le 4 juillet 1806, Napoléon, grand consommateur de chevaux pour ces armées, réhabilite les haras. Blois fait partie des 6 premiers construits. D'autres ouvriront pour pallier les besoins de l'agriculture et des transports. C'est en 1810 que l'on procéda aux aménagements nécessaires dans l'ancien couvent des Carmélites, rue du Sermon, situé dans la ville basse, entre le Château et la Loire. Il hébergeait alors seulement 20 étalons, rayonnant sur 3 départements.
Par la suite, l'augmentation des effectifs rendit nécessaire l'acquisition d'un nouveau site. Ainsi en 1878, un terrain de deux hectares et demi, situé route de Paris, future avenue Maunoury, fut cédé à l'état par la municipalité. Deux ans plus tard, en 1880, les bâtiments furent construits sous la direction de l'architecte Jules Édouard Potier de la Morandière né à Blois le 12 mai 1813 et mort le 16 août 1905 à Chambon-sur-Cisse. Cet architecte blésois (élève de Félix Duban) a également fait l'Hotel Dieu et la Halle au Grain. D'un type très fonctionnel pour l'époque. Ils se composent d'un vaste corps d'écurie de 84 stalles, accosté de part et d'autre et perpendiculairement de 2 pavillons de 18 box, et légèrement en retrait et symétriquement, des logements des officiers. Vingt ans plus tard le Haras héberge 120 étalons, en majorité des demi-sang normands ou vendéens et des percherons
Le plan
L'habitation du directeur.
L'habitation des chefs.
L'habitation allouée à la veuve AUROUET.
L'habitation du gardien.
Les box.
Un abreuvoir.
Les box.
Les bacs à grains.
Les stalles d'origines ont été remplacées par des box.
Les greniers où s'entassaient les fourages.
La remise des voitures.
La forge.
Les fers.
L'appareil de contention pour ferrer les jeunes ou les rebels.
Le maréchal ferrant.
Les habitations du personnel.
Le vétérinaire.
La sellerie et la bourrellerie.
Les ateliers.
Le manége couvert.
Le dernier camion du haras de Blois.
Maintenant.
Avant.
Les mors.
Jusqu'au milieu des années cinquante, la trompette était utilisée dans le haras pour sonner: le réveil, l'appel, le rapport, le rassemblement, le courrier etc...
La trompette :
Après 200 ans le Haras Nationale de Blois va donc cesser ses activités. Situé en ville, il n'est plus adapté aux besoins maintenant très réduits. Les bâtiments sont trop grands et trop coûteux en entretien. Classé monument Historique en 1993, c'est l'année de sa dernière restauration (façades). L'absence d'espace se fait cruellement sentir. Les derniers directeurs, homme ou femme de ses dernières années se sont battus avec beaucoup de conviction pour maintenir cet héritage historique, culturel, architectural, et zootechnique. L'intérêt pour les chevaux de trait fut très fort quand ils servaient d'outil dans l'agriculture ou le transport mais la mécanisation de l'après guerre les a rendu inutiles. Ils n'ont plus d'intérêt que pour quelques amoureux nostalgiques de beaux animaux.
La récolte de la semence.
La demoiselle en bois.
Finiront-ils au zoo? Je le craint!
Cette poignée d'hommes et de femmes se sont battus pour préserver ce patrimoine génétique en privilégiant le développement des races pures, et en organisant des visites et des fêtes dans leurs haras. Très appréciées par le public national et international ces animations intéressaient des dizaines de milliers de spectateurs chaque année.
Il faut citer : le spectacle "EQUI NOX" en 1995 et 1996, organisé par l'association Cheval et Culture présidée par Louis Hubert, commissaire à l'aménagement du domaine de Chambord, avec le concours de Madame la directrice du Haras Geneviève de Sainte Marie, et tout son personnel.
Alors souvenont nous de tous ces hommes et femmes qui ont souvent passé toute leur vie au service de la plus belle conquête de l'homme. Ils ont permis de maintenir, conserver, et perpétuer l'art equestre.
A cette époque les Hommes portent la moustache, c'est même obligatoire !.
La tradition reste mais les moustaches disparaissent.
Il faudra se souvenir aussi de ceux qui sont mort en travaillant comme
En 1995 le Haras Nationale de Blois possédait encore un contingent de 51 étalons: 4 Pur Sang, 5 Anglo-Arabe, 1 Arabe, 13 Selle Français, 3 Trotteurs, 2 Poney, 1 Cob, 8 Bretons, 11 Percherons, et 1 Baudet. Avec ses 11 stations de monte et ses 4 laboratoires d'insémination artificielle Blois couvre les 6 départements de la région centre: ( le Cher, l'Eure-et-Loir, l'Indre, l'Indre-et Loire, le Loir-et-Cher, et le Loiret.)
Quelques grands responsables :
C'est tout un monde qui disparait. Les nouvelles technologies transforment la vie des hommes, il faut s'adapter ou mourir et disparaitre à jamais. Qui va se souvenir de tous ces hommes qui ont travaillé jour et nuit pour conserver la vie du cheval ? Seules quelques photos résisteront au temps mais il n'y aura plus personne pour s'y reconnaitre.
A cette époque il y avait encore du crottin sur la route et on entendait le bruit sec des sabots ferrés sur le bitume, car tous les matins un attelage se promenait dans la ville pour sortir les chevaux par tous les temps. Paul Le Blay et son compagnon Henri Lefer excellaient dans cet exercice , en ville parmi la circulation automobile. Ce n'était pas toujours simple.
C'est à Amboise à coté du lycée viticole qu'il sera construit en 2010 pour ouvrir en mars 2011. Sa principale activité sera la reproduction artificielle. Il pourra offrir aussi aux éleveurs des services comme le débourrage des poulains ou le dressage à l'attelage. Il est surprenant que toutes ses activités soient maintenues dans le secteur public car l'intérêt national n'est pas évident, et les intérêts du privé tellement à l'affût d'engranger de la monnaie. ( Pour acquérir les bâtiments il faudra débourser plus de 3 millions d'euros et subir les contraintes des monuments classés). A part la gestion du fichier de tous les chevaux d'élevage et de compétition, identifiant tous les ans des milliers de poulains naissant en France, la récolte et la conservation de semence. C'est l'outil de sélection et d'information le plus performant au monde. Souhaitons qu'il le reste.
Alors en cette année 2010 regardons Paul passer peut être pour la dernière fois la herse dans les allées. Il va partir à la retraite en même temps que la fermeture du haras de Blois là où il a commencé le 1er avril 1974. Il va pouvoir s’occuper à plein temps de ses deux juments. Bonne retraite Paul.
Admirons une dernière fois la souplesse et la docilité de cette merveilleuse montagne de muscles. L'art de faire travailler cette puissance en douceur. Le cheval et l'homme, une passion, une grande histoire d'amour !
Il ne nous restera que des images floues perdues dans nos mémoires.
Ce soir je n'aboie pas , non, je hurle... à la mort du Haras de Blois.
Un lien vers un site sur ce qui touche le monde du cheval ici
Quelle beauté ce cheval !